Ce 8 mars 2023, nous avons interviewé 6 cheffes d’entreprise qui siègent au Comité exécutif de la CPME. Comment mènent-elles de front leurs vies professionnelle et personnelle ? Comment encourager l’entrepreneuriat féminin ? Pour un monde digital inclusif, le thème 2023 de la journée des droits des femmes : qu’en pensent-elles ?  

Une parole engagée, tonique, passionnée, de 6 femmes que nous dévoilons en deux fois aujourd’hui : 3 interviews pour bien commencer la journée et rendez-vous à midi pour découvrir les 3 autres !

STEPHANIE PAUZAT, VICE-PRESIDENTE DELEGUEE DE LA CPME ET DIRIGEANTE DE L’ENTREPRISE MIL ECLAIR

Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?

Oui et non ! Tout est fait aujourd’hui pour permettre aux femmes d’entreprendre : les réseaux féminins qui se développent, les banques qui ont un regard qui évolue sur les dirigeantes. Ce qui reste parfois compliqué, c’est l’organisation de l’agenda entre la vie personnelle et la vie professionnelle.

Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?

La place de la femme dans notre société entrepreneuriale a beaucoup évolué mais nous sommes encore confrontées à des difficultés : la culpabilité (avoir l’impression de ne jamais être au bon endroit), la gestion de la charge mentale liée au pcumul vie personnelle et vie professionnelle, et la nécessité de faire plus, de faire mieux pour être ou se sentir légitime.

Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?

Je ne suis pas pour « la féminisation pour la féminisation » ! Ce sont les compétences, la motivation, l’expertise et les comportements professionnels qui motiver la nomination d’une femme dans une instance. Ceci étant, la mixité permet des approches, des analyses différentes, complémentaires, et pour cela c’est important de conserver un bon équilibre.

« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?

Les femmes sont aussi capables que les hommes, elles sont aussi investies et qu’elles ont un rôle majeur à jouer ! La numérisation peut permettre une meilleure articulation de la vie personnelle et professionnelle avec l’outil numérique de gestion d’agenda, le télétravail et toutes les missions, les tâches que l’on peut accomplir dorénavant en mode « nomade ».

SOPHIE IBORRA, VICE-PRESIDENTE CPME CHARGEE DE LA PLACE DES FEMMES DANS L’ECONOMIE, DIRIGEANTE D’UN CABINET EN STRATEGIE DE COMMUNICATION ET RELATIONS PUBLIQUES

Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?

Avec 42% d’entrepreneures dans notre pays, les femmes sont au rendez-vous des défis et des enjeux économiques de notre temps. Elles sont une immense majorité à créer et à diriger des TPE, ce qui les met souvent en situation difficile face aux crises majeures que nous traversons. De ce fait, leurs entreprises sont souvent moins bien financées et l’équilibre des temps de vie, toujours aussi complexe. Malgré les embûches, elles innovent dans des secteurs d’avenir et prennent leur part dans un contexte qui exige de la rigueur, de la créativité et un bon sens des responsabilités. Elles ont tout pour réussir à la condition que femmes et hommes puissent entreprendre et créer de la valeur ensemble !

Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?

Le mot complexité fait partie du vocabulaire courant de l’entrepreneur, que l’on soit femme ou homme.  L’idée que les femmes qui entreprennent doivent en surmonter davantage est toujours d’actualité, même si les choses évoluent dans le bon sens. Charge mentale, fragilité des structures, manque de représentativité, elles ont aussi, souvent, plus de mal à faire financer leur projet. C’est une réalité. A nous d’agir pour donner les mêmes chances d’entreprendre à tous et à toutes : c’est ce que nous essayons de faire à la CPME, en défendant, en accompagnant et en valorisant tous les talents.

Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?

Oui ! Un syndicat qui représente des millions d’entrepreneurs partout sur le territoire, ne pourrait pas le faire sans une mixité dans ses instances dirigeantes ! La CPME se doit de donner l’exemple, notamment auprès des TPE-PME qui sont parfois confrontées à de réelles difficultés à recruter, former et faire monter en responsabilité des femmes dans certains domaines d’activité. Elles le font de plus en plus et c’est une bonne nouvelle !

« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?

Avec ce thème, nous sommes au cœur du système ! C’est la clé, une clé essentielle pour que les femmes trouvent toutes leur place partout. Nous utilisons tous et toutes les outils du numérique, il faut pouvoir s’en emparer pour créer les emplois de demain. Beaucoup d’associations et de réseaux l’ont compris. Parmi ces réseaux, Les Digitals Ladies, Bouge ta boite, mais aussi Diversidays et Les Déterminés.

DOMINIQUE DU PATY, VICE-PRESIDENTE CPME CHARGEE DE L’INCLUSION, DIRIGEANTE DE RESEAU H

Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?

Je ne pense pas qu’être une femme soit un frein. Sauf peut-être pour les jeunes mamans qui ont un double boulot dans leur entreprise et dans leur foyer. Peut-être quand même une soif de toujours être au top de la qualité, quitte à travailler deux fois plus. Peut-être le côté « légitimité à obtenir à tout prix » qui fait que c’est un investissement plus important en temps et en énergie pour une femme chef d’entreprise… Pour moi, c’est une bénédiction ! Quelle joie de décider, d’embarquer d’autres femmes, d’autres hommes à ses côtés, de dire « chiche !? » chaque jour et de satisfaire ses clients, partenaires et collaborateurs… Je pense que c’est une sacrée chance. La liberté se paye c’est sûr mais quel bonheur !

Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?

Le déséquilibre du partage des tâches ménagères et dans la prise en charge des enfants dans le couple est une question qui reste d’actualité. Il est notoire que les entrepreneuses s’occupent moins de leur santé, font moins de sport pour être plus « performantes » professionnellement. Nous sommes souvent trop exigeantes et nous surcompensons.

Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?

Totalement ! Nous avons une façon très pragmatique d’aborder les sujets et j’apprécie beaucoup cette mixité au sein du COMEX. C’est aussi une responsabilité de prendre la parole pour nos affiliés. Je n’oublie jamais que je suis au service de nos TPE, des femmes et des hommes qui composent notre économie qui est, il faut s’en rappeler, d’une richesse infinie et doit le rester.

« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?

Il faut que les femmes puissent développer leur autonomie pour être libres d’être elles-mêmes et faire ce qu’elles choisissent de faire. Le numérique est une des portes vers cette autonomisation mais attention, ça n’est pas la seule. Les femmes qui sont à la marge (handicapées, sans réseau, sans accompagnement familial ou professionnel…) peuvent se retrouver en grande difficulté face à cette autonomie numérique dont on peut leur imposer un rythme qui ne correspond pas à leurs difficultés de santé ou sociales. Il faut leur accorder du temps et de la patience pour qu’elles parviennent à parfois se hisser dans la grande roue d’un parcours professionnel qui peut être sévère et trop exigeant.

 

Photo, de gauche à droite : Stéphanie Pauzat, Sophie Iborra et Dominique du Paty.